Côte à l’os en croûte de sel
ou comment devenir carnivore…

D’ordinaire, je suis plutôt volaille… plus léger, plus digeste.
Mais quand j’ai aperçu ce beau morceau de boeuf prisonnier de sa vilaine barquette blanche, étouffé par ce méchant cellophane, dans cet endroit gelé perdu au fond d’un supermarché, j’ai pris mon courage à 2 mains.
Oui! Je l’ai arraché à ses ravisseurs, courant vers la sortie, laissant au passage la rançon imposée !
Arrivée à la maison, je l’ai délicatement déballé et là, j’ai eu un choc! Il était tout nu! Pas possible! Moi, si prude, je ne pouvais pas le regarder en face, dans toute sa splendeur rougeoyante! Il a fallu qu’immédiatement, je trouve de quoi l’habiller. Oui mais comment habiller un morceau de boeuf de cette qualité, si beau, si tendre, si… appétissant! Pas question d’emprunter le smoking de « mon cher et tendre », ni le jogging de mon ado, ni la jupette de la petite dernière… Vous imaginez! De plus, il fallait faire vite! Un morceau de choix comme lui ne pouvait rester dans cette position inconfortable et terriblement dégradante plus longtemps.
C’est là que mon esprit n’a fait qu’un tour! J’ai attrapé le gros pot de gros sel jusque là réservé à la cuisson de mes nouilles et j’ai soigneusement, délicatement et tendrement habillé l’objet de mes désirs, de cristaux d’un blanc très lumineux. Il était devenu resplendissant, presque éblouissant!

Et puis, j’ai pris conscience que le pauvre avait passé trop longtemps dans un frigo frigorifiant… il fallait que je le réchauffe!
La solution la plus simple : le four
Je l’ai donc réchauffé, sûre qu’une vingtaine de minutes suffirait à lui faire reprendre un peu de vigueur!
Lorsque je l’ai sorti, un parfum envoûtant se dégageait de son lit de porcelaine. J’ai donc décidé de regarder s’il se sentait mieux. Je lui ai peu à peu ôté son bel habit blanc et… je… je l’ai dévoré!
Voici les ingrédients :
• Une belle côte à l’os de presqu’un kilo (la mienne n’avait pas d’os)
• 500g à 750g de gros sel (avec du sel de Guérande c’est encore meilleur)
Pour la sauce (facultatif)
• 2 échalotes
• 150 g de beurre
• 5 cl de vinaigre de vin rouge (50g)
• Sel, poivre
• Préchauffez le four à 210°C (th7).
• Sortez très délicatement votre superbe pièce de viande de son emballage et placez-la dans le plus beau de vos plats à four.
• Pour des raisons de dignité et de décence, je n’ai pas pris la photo de ce « magnifique morceau de viande. Merci de votre compréhension.
• Habillez-le du plus beau gros sel que vous ayez trouvé (dessous et dessus, on ne fait pas les choses à moitié).
Là, habillé, je peux vous le montrer! Il est beau n’est-ce pas?

• Placez le tout doucement dans le four et laissez-le reprendre du poil de la bête (cuire quoi!) pendant environ 20 minutes (ou plus s’il est encore plus costaud!)
Pendant ce temps, préparez la sauce rouge (facultatif):
• Ciselez finement les échalotes, faites les revenir dans une casserole avec une noix de beurre. Lorsqu’elles sont dorées et tendres, ajoutez le vinaigre de vin rouge, le sel et le poivre, laissez mijoter une minute et ajoutez le beurre en petits morceaux en remuant vivement.
Ça c’est fait!
• Dès que le four vous appelle (s’il est muet, demandez à la minuterie de le faire), sortez le lit de porcelaine (ou de grès) du four et essayez de réveiller l’objet de vos désirs les plus fous (Sortez le morceau de viande et secouez le un peu!) Attention, il va sous vos yeux se déshabiller! Gardez votre calme!
• Lorsque son vêtement de gros sel est totalement ôté, posez le délicatement dans un plat de service attendez quelques minutes mine de rien pour ne pas qu’il soupçonne quoi que ce soit, qu’il se détende et… coupez-le rapidement en tranches épaisses avant qu’il ne se mette à crier ou ne s’échappe!
Croquez et mâchez à pleines dents. Que c’est bon d’être carnivore!
